29 et 30 octobre.
Je pourrais vous dire que cette journée a été sublime comme toutes les autres, sauf qu'au fond ce serait un mensonge. J'ai fait l'erreur d'appeler ma mère. Juste pour faire la bonne fille, pour savoir si tout allait bien mais surtout pour savoir si je rentrais mardi pour la voir. Me voir répondre que non a été... Monstrueux. Je me suis rendue compte de toute ce qu'il y avait de pitoyable dans le fait que je me sentes plus en famille dans la sienne que dans la mienne, de tout ce qu'il y avait de triste dans le fait que je ne manque à personne chez moi. C'était assez... Enfin vous j'imagine que vous pouvez comprendre.
Par la suite bien sûr, tout a été pour le mieux. Vraiment. Je passe toujours de bons moments au milieu d'eux. Je passe toujours des heures sublimes près de lui. Je me sens vivre, je me sens bien. C'est dingue, malgré tous les voyages que j'ai pu faire, toutes les choses que j'ai pu découvrir durant mes vacances précédentes, ces vacances ci seront celles dont je garderais le meilleur souvenir. Je m'y suis sentie bien, à ma place comme jamais ça ne m'était arrivé depuis ... Je crois bien que la dernière fois était la première fois où je me suis retrouvée devant un tableau de Monet. Ca doit être ça, j'étais là admirant la lumière, la couleur, la peinture, la tendresse, et aujourd'hui encore c'est ceci et simplement ceci. Je suis là face à ses gens admirant leur lumière, leur couleur, leur voix, leur rire, leur douceur et dieu que je regrette de partir.
J'aimerais rester ici, rester dans leur maison, pour... Je ne sais même pas pourquoi. Je sais juste que je n'ai aucune envie de franchir le seuil de la porte sans savoir que dans quelques heures je le refranchirais dans l'autre sens.
Non je ne veux pas partir, je ne veux pas retrouver mon appartement vide et sombre, je veux prendre mon petit déjeuner devant une Meuhmeuh encore endormie, je veux prendre mes repas au milieu d'une table de 6 ou 7 personnes, je veux pouvoir prendre sa main sous la table, le voir s'endormir sur mon épaule lorsque la soirée s'allonge, je veux pouvoir entendre le rire de sa maman, je veux pouvoir entendre et réentendre les histoires que raconte son père, je veux ... Je veux rester ici...
Oh ça oui, je veux rester ici, ne pas en partir, m'ancrer ici comme ci je n'avais jamais eu d'autre maison, de toute façon je crois qu'ailleurs je n'ai pas de famille, j'ai des amis dont le nombre s'amenuise avec les jours, j'avais des "connaissances" qui se sont évaporés... Et après vous vous demandez encore pourquoi je veux passer tout mon temps avec lui ?
J'ai rencontré sa cousine, une fille "charmante", étrange mais charmante. Vraiment, je crois que jamais je n'ai découvert autant de gens avec qui je pouvais passer de bons moments. J'ai peur vous savez, comme toujours ma lacheté me rattrape, à nouveau je me sens emprisonné dans une peur affolante : J'ai peur de tout perdre à nouveau, de voir tout s'écrouler de le voir s'effacer, loin, partir, d'entendre prononcer le nom de Martin un jour ou l'autre et devoir respecter cette promesse que je doute de plus en plus de pouvoir tenir. J'ai peur, j'ai affreusement peur de ne jamais refranchir ce seuil.
Stay with me ...
