13 juin

Allongée là dans l'herbe, il n'y avait pas grand chose qui traversait mon esprit. Je n'entendais que le vent. Que les cris d'enfants, là bas, si loin. Je ne sentais que quelques brins d'herbe carresaient mon dos. Que quelques fourmis ayant confondues ma peau avec un sommet à atteindre. Je ne voyais que le ciel bleu. Et ce soleil. Et là, ça m'a frappé. J'allais perdre le soleil de ma vie. J'allais le laisser là. L'oublier, le négliger, le perdre. Il n'existerait plus nul part. J'allais perdre tout ce que j'avais. J'ai senti ma respiration s'accélerer. Et comme par un enchantement que je n'avais pas demandé, j'ai expulsé mon esprit. Et je me suis vu, là. Allongée dans l'herbe. Fixant le ciel. Le visage baigné de larmes. Mes cheveux roux devenus si ternes étalés comme un soleil mort autour de mon masque désespéré. Je me voyais chercher mon souffle, chercher à me calmer, et pourtant en restant toujours si immobile. Là allongée dans l'herbe. Un bras posé sur le ventre montant et descendant au rythme de ma respiration saccadée, un bras mort longeant mon corps. Là allongée dans l'herbe. Les yeux tantôt ouverts sur cette immensité bleue, tantôt fermés essayant vainement de retenir ces torrents. Là allongée dans l'herbe. La lèvre tantôt frémissante, tantôt mordue par une tristesse insoutenable. Là allongée dans l'herbe. Les jambes pliées vers le ciel. Là allongée dans l'herbe. Mon esprit virevoltant échappant à mes diverses pensées. Là allongée dans l'herbe. Voyant passé toutes ces idioties dans mes iris vertes. Là allongée dans l'herbe : Je me suis trouvée pitoyable.